Europe quand tu nous tiens! Ruminations

A première vue, l’Union européenne ne semblait pas un sujet prioritaire dans les  préoccupations quotidiennes du bon citoyen. L’Europe, institution solide, était basée sur la paix et la solidarité. Démocratique, elle ne pouvait que protéger et soutenir ses quelque cinq cents huit millions d’habitants. Mais aujourd’hui, de nombreux citoyens déchantent. Pas tous!

L’Europe rêvée fait place à une Europe divisée, et surtout prise en otage par les financiers et les lobbies au service des multinationales. Privatisations et obsession de garantir la libre concurrence entre les ressortissants ont ouvert les derniers dossiers comme la protection du secret des affaires, le peu de soutien aux lanceurs d’alerte, les frilosités pour interdire les OGM fabriqués pour combattre les pesticides, (lesquels ne sont à l’heure toujours pas recalés par les parlementaires peu soucieux de l’avis des citoyens!). Je, vous, nous… doutons d’une Union qui semble avoir perdu le souci d’une prospérité intelligente, durable et surtout partagée entre tous les citoyens.

Crier pour se faire entendre?

Alors, le débat «Changer l’Europe» organisé par POUR et Roosevelt-Namur avait de quoi ouvrir l’appétit.  La salle namuroise était remplie. Avec des têtes connues, d’autres pas. Important que ce ne soit pas toujours les mêmes qui s’informent, interpellent, secouent le monde politique! Il y va de l’avenir de tous. L’assemblée l’avait bien compris tant l’attention était intense à l’écoute de Philippe Lamberts, fidèle à sa réputation d’orateur n’ayant pas  peur des mots et toujours volontaire dans ses analyses à la fois percutantes et fouillées sur le fonctionnement de l’Europe que nous vivons bon an mal an.

Cela fait du bien d’entendre un homme politique attentif à un avenir collectif qui passe par la volonté des gens; vous et moi, nos enfants, nos voisins, nos collègues… L’Europe du 21ème siècle reste bloquée sur des fonctionnements à l’ancienne avantageant les riches et les puissants, lourde de 28 pays aux cultures et économies différentes et se contrariant. Alors faut-il en bousculer quelques-uns? En coloniser d’autre? S’aplatir devant le troisième? Se faufiler adroitement entre les questions graves comme l’immigration, l’agriculture, le climat, les nouvelles technologies qui demandent de vrais dialogues et peut-être un idéal commun à redéfinir dans les enjeux d’aujourd’hui?

Incarner une alternative

Pas de repli pour Lamberts qui interpelle: «Est ce que ceux qui portent le projet d’une Europe durable, une question de justice sociale transgénérationelle, durable et démocratique, est-ce que nous sommes capables d’inverser la vapeur?
Si je laisse la raison guider ma réponse, en regardant les faits, c’est mal barré!»

Je ne suis pas venue pour rien. Philippe Lamberts n’élude pas, et s’engage devant le brave public que nous sommes, qui n’a pas mis ses pantoufles pour passer la soirée mais vient écouter un homme (oui, d’accord, c’est souvent eux qui parlent!) qui nous dit simplement qu’il y a des jours où il rentre à la maison désespéré vu les intérêts en jeux dont certains profitent alors que se joue la survie de l’humanité. D’où l’importance de ce type de soirée-rencontres. L’homme politique a besoin d’être soutenu, encouragé, confirmé dans son mandat de représentation. Lui et le peuple ont besoin de « s’entendre ». Alors tout devient possible. Enfin, … ça dépend un peu avec qui. Mais ce soir là, on tenait le bon bonhomme ! (sauf votre respect monsieur le député).

Jambon ou fromage?

Première partie de la conférence terminée. Les participants s’égaient devant le buffet et, verre à la main, se parlent la bouche pleine… d’idées, de souhaits, de commentaires sur ce qui ne se fait pas ou devrait être mis en chantier. Certains réfléchissent à bien poser plus tard leur question qui devra être courte. Rassasiés mais impatients de poursuivre, tout le monde se retrouve pour le débat. A (nombreuses) questions pertinentes, réponses fortes et stimulantes. «Il n’a pas parlé du climat», me chuchote mon voisin contrarié. Je hausse les épaules, «on ne peut pas parler de tout à la fois!» Mais c’est noté, on fera revenir cet orateur doué à la fois pour dire, dénoncer, stimuler, et aussi, avec une amabilité qui sonne vrai, redonner confiance, les yeux dans les yeux, à des citoyens dont, chacun, porte le visage d’une Europe volontaire de sauter vers mieux et plus juste.

Accrochez-vous!

Rassembler et articuler, c’est le B.A. Ba du changement. Si les structures fiscales et les règles du commerce international ne peuvent changer qu’au niveau macro, c’est aux populations à se prendre en main par le biais des institutions et du terrain actif. Philippe Lamberts privilégie la voie démocratique (càd la voix de chacun) sur la voie révolutionnaire où c’est rarement les forces du bien qui gagnent.
La conclusion que je préfère: «Vivre en société est un sport d’équipe qui pratique la confiance».

De retour à la maison, je relis mes notes. Quel foisonnement! Heureusement, c’est Robert qui fera le «papier» de POUR.press.
Je me répète tout bas que la seule façon d’être digne est de se lever et y aller. Et c’est un marathon qu’il faut gagner contre l’hyper mortel capitalisme! Il y va de la défense de l’Europe et de l’humanité sur la planète!