Travail : démocratiser, démarchandiser, dépolluer

POUR participe à l’élaboration collective d’un monde meilleurLa crise sanitaire due au Covid-19 pousse à réfléchir à quelle devra être, demain, l’organisation de nos sociétés pour ne pas poursuivre comme des moutons l’actuelle logique suicidaire. Dans cette perspective, POUR publie les textes qui illustrent quelles seront les leçons que nous devrons retenir collectivement pour que « le jour d’après » ne ressemble pas aux « jours d’avant ».

En ce sens, nous avons participé activement à l’émission-colloque PremierMAI2020 « Faites le travail », en compagnie d’une douzaine d’organisations complices belges. Et voilà que grâce notamment à deux des animatrices de cette soirée d’échanges, Isabelle Ferreras et Dominique Méda, plusieurs des idées défendues lors de la vidéo-conférence du Premier Mai ont été soutenues par plus de 3.000 chercheu∙r∙se∙s venus de 600 universités du monde entier. Le texte résumant leurs revendications a été publié dans 30 journaux de 23 pays. Il est évident que POUR ne pouvait qu’être partie prenante de cette exigence que le travail des êtres humains soit estimé autrement que comme une marchandise destinée à permettre la croissance des profits du capital.

A.A. – 15 mai 2020

Que nous apprend cette crise ? En premier lieu que les humains au travail ne peuvent être réduits à des « ressources ». Les caissièr∙e∙s, les livreur∙e∙s, les infirmièr∙e∙s, les docteur∙e∙s, les pharmacien∙ne∙s, et toutes celles et ceux qui nous ont permis de continuer à vivre dans cette période de confinement, en sont la démonstration vivante. Cette pandémie nous montre aussi que le travail lui-même ne peut être réduit à une « marchandise ». Les soins de santé, la prise en charge et l’accompagnement des plus vulnérables sont autant d’activités qui doivent être protégées des seules lois du marché, sans quoi nous risquons d’accroître toujours plus les inégalités, jusqu’à sacrifier les plus faibles et les plus démunis. Pour éviter un tel scénario, que faut-il faire ? Permettre aux employés de participer aux décisions. C’est-à-dire démocratiser l’entreprise. Démarchandiser le travail, c’est-à-dire que la collectivité garantisse un emploi utile à toutes et tous. Au moment où nous faisons face à la fois au risque pandémique et à celui d’un effondrement climatique, ces deux changements stratégiques nous permettront non seulement d’assurer la dignité de chacun, mais aussi d’agir collectivement pour dépolluer la planète et la sauver.

Démocratiser

Ceux – et singulièrement celles – qui font partie des personnels essentiels se lèvent chaque matin pour aller servir les autres, particulièrement les personnes racisées, migrantes et les travailleurs de l’économie informelle, pendant que tous ceux qui le peuvent restent confinés. Elles témoignent de la dignité du travail et de l’absence de banalité de leur fonction. Et elles démontrent le fait-clé que le capitalisme a toujours cherché à rendre invisible, cherchant à transformer les humains en « ressources » : il n’y a ni production ni service sans investisseurs en travail.